À gorge sèche après la traversée de Mehdi-Georges Lahlou à l’IESA, Paris 11ème

no frontiers 4

« À gorge sèche, après la traversée » est une exposition touchante couplée d’une belle scénographie.

Ainsi, Mehdi-Georges Lahlou, plasticien et directeur artistique de l’exposition, nous propose un véritable parcours artistique aux univers et thématiques variés : migrations, genres, racismes, violences, inclusion, diversité.

« Et si, plutôt que de céder aux raccourcis, nous préférions les chemins de traverse ?

À gorge sèche, après la traversée rassemble des artistes habités par le déplacement : qu’ils cultivent des racines d’ici ou loin de là, qu’ils se réclament de leurs origines ou qu’ils les laissent hors sujet, ils ont en commun d’envisager poétiquement le monde globalisé, malaxant leurs identités multiples, remodelant à loisir leurs cultures doubles ou triples, et se jouant des distances, qu’elles soient physiques ou métaphoriques. Ils dressent des passerelles et des ponts dans tous les sens. »

20 artistes pluridisciplinaires ont été conviés pour ce beau projet : Clay Apenouvon, Halida Boughriet, Camille Coléon & Audrey Guimard, Arianne Foks, Will Fredo, Beya Gille Gacha, Soukaina Joual, Kubra Khademi, Mehdi-Georges Lahlou, Kokou Ferdinand Makouvia, Randa Maroufi, Kelly Sinnapah Mary, Fatima Mazmouz, Anna Raimondo, Enrique Ramirez, Pascale Rémita, Moussa Sarr, Massinissa Selmani.

Nous découvrons ainsi de nombreux médiums au sein des salles de classes et de la galerie de l’IESA,  à travers des installations, photographies, vidéos, peintures, dessins et sculptures.

J’ai retenu quatre artistes dont les oeuvres m’ont particulièrement interpellée :

Le film de  Randa Maroufi pose d’emblée le décor.
BAB SEBTA, réalisé  en 2019, parle de ce qu’il se passe à la Ceuta, enclave espagnole  de 84000 habitants sur le sol marocain avec une superficie de 18 km². Chaque jour plus de 10 000 femmes transportent sur leur dos des gros paquets emballés de dizaines de kilos de marchandises de contrebande, qu’elles font passer entre Ceuta et le Maroc. Elles essayent de traverser la frontière autant de fois que possible dans une même matinée pour gagner en fin de journée l’équivalent de quelques dizaines d’euros. Ces femmes ne sont pas à l’abri de bousculade, d’insultes et de voir leurs colis éventrés.

La sculpture « L’autre sans Autres » de l’artiste Kokou Ferdinand Makouvia vaut également le détour et, nous interroge sur la perception des autres.
Je suis le travail de l’artiste pluridisciplinaire togolais depuis déjà quelques années. J’ai pu déceler sa liberté de création, son amour pour la matière, son intérêt pour le décloisonnement. Ses œuvres exposées en galerie, ne font souvent qu’unes avec la nature lorsqu’elles sont installées en extérieur.
Kokou Ferdinand Makouvia est représenté par la galerie Sator.

L'autre sans Autres Ferdinand Kokou Makouvia « L’autre sans Autres », 2019   
190 x 80 x 90 cm, PVC
Ferdinand Kokou Makouvia

 

 

 

 

 

 

 

Je me suis également arrêtée devant les sculptures Orant #3 et Venus Nigra (faisant référence à la Vénus Noire) de Beya Gille Gacha, artiste franco-camerounaise qui utilise la technique du perlage découverte au Cameroun lors d’une visite d’atelier en 2009.

 
 
« Venus Nigra », 2017
Résines et
perles noires  
Beya Gille Gacha

 

 

 

 

Au 2ème étage de l’école IESA, « les Passeurs » de Clay Apenouvon occupent une salle entière. Ils sensibilisent sur la traversée des frontières. Ces passeurs portent tout leur poids pour passer la frontière. Le poids de leurs objets, de leur vie. L’artiste utilise le plastique film noir de récupération et des couvertures de survie. Il est représenté par la Galerie Véronique Rieffel. 

 

Les Passeurs, 2019, Clay Apenouvon

« Les Passeurs », 2017-2019
plastiques film noir, couvertures de survie
Clay Apenouvon

 

 

 

 

 

 

Petit clin d’œil également pour les  Totems de  Mehdi-Georges Lahlou. J’ai reconnu les fameux  balais traditionnels utilisés en Afrique de l’Ouest.

Exposition à découvrir jusqu’au 16 mai 2021.

No Frontiers #4 est un festival pluridisciplinaire qui invite à nous défaire de nos pré-jugés et à questionner notre regard sur les inégalités. Elle réunit les élèves de l’ IESA, L’école internationale des métiers de la culture et du marché de l’art.
Cette 4e édition 2021 a lieu du 5 au 16 mai.
Au programme :
-Exposition « À gorge sèche, après la traversée » sous le Commissariat des étudiants de l’IESA Arts&Culture, département exposition dirigée par Mehdi-Georges Lahlou
-Programmation musicale : le duo d’électro Dame Civile le 5 mai, le duo musical oriental Mauvais Œil le 6 mai et la chanteuse pop / R’n’B Jaïa Rose le 7 mai, en concerts Live Stream.
-Conférences-débats
-mercredi 5 mai : la conférence « Les migrants et leur accès à l’éducation en France » la scolarisation des mineurs exilés et isolés en France. Vous pouvez faire un don à l’association droitalecole
– jeudi 6 mai : conférence « La place de la culture à l’ère de la Covid
– vendredi 7 mai : conférence « Bodyshaming et représentation des genres : la sacralisation des corps sur les réseaux sociaux »
Le MAG Jeunes LGBT – Mouvement d’Affirmation des Jeunes Gais, Lesbiennes, Bi & Trans – est partenaire du festival.